Retour sur : ACV des quartiers, réduire les impacts globaux sur l’environnement

Accélérateur d’une économie circulaire, clé de voute de la RE2020, outil d’aide à la décision pour les aménageurs, l’ACV est une méthode incontournable pour réduire la pression sur la biodiversité, les ressources, le climat… au delà du territoire et de la durée d’un projet.

Le 14 juin à Leonard:Paris, nous avons exploré les travaux de recherche et leur application sur le terrain à travers les témoignages de Eurovia, MINES ParisTech, IZUBA, l’École des Ponts ParisTech et un retour d’expérience issu de la collaboration entre l’École des Ponts et la Ville de Montreuil.

L’ambition environnementale de VINCI à horizon 2030, dans laquelle s’inscrit le lab recherche environnement, se décline en trois axes prioritaires : optimiser les ressources grâce à l’économie circulaire, préserver les milieux naturels et agir pour le climat. Pour répondre à l’urgence environnementale et aux attentes des collaborateurs, des investisseurs et de la société civile, en 2021 le Groupe accélère le déploiement de son ambition environnementale. Cette accélération se traduit par une dynamique interne et partenariale, notamment à travers le Prix de l’environnement, et se concrétise à travers la transformation des métiers. Cette transformation a été illustrée par Isabelle Spiegel, directrice de l’environnement de VINCI, avec des exemples concernant les secteurs de l’énergie, du transport et du bâti, notamment la volonté de systématiser l’écoconception du bâtiment à travers une prise en compte du cycle de vie du bâti à l’échelle du quartier.

Consulter la présentation d’Isabelle Spiegel

La RE 2020 concrétise l’introduction de l’analyse du cycle de vie dans la réglementation sur les bâtiments neufs. Comme l’a expliqué Eduardo Serodio, ingénieur chez IZUBA, dans la méthode d’ACV retenue, cinq contributeurs sont évalués : les composants du bâtiment et de la parcelle, les consommations d’énergie et d’eau et le chantier, à partir des données environnementales de la base INIES. 25 indicateurs environnementaux sont calculés, mais l’exigence réglementaire ne porte que sur l’impact sur le changement climatique du chantier et des composants du bâtiment. Des seuils progressifs mènent à une réduction 35 % des impacts en 2031, traduisant l’objectif d’une plus grande mixité des mode constructifs : part des biosourcés augmentée et décarbonation des filières traditionnelles.

Consulter la présentation d’Eduardo Serodio

L’écoconception vise à atteindre un niveau de performance environnementale supérieure au minimum réglementaire, en se basant sur l’analyse du cycle de vie. Bruno Peuportier, directeur de recherche à MINES ParisTech, a présenté les nouveaux développements du lab recherche environnement qui concernent l’actualisation des données d’ACV, l’évaluation de nouveaux indicateurs sur la santé et la biodiversité, la prise en compte des dynamiques horaires et prospectives, et la modélisation du carbone biogénique. Des valeurs de référence, élaborées dans le cadre de l’Agence Internationale de l’Energie, permettent de mieux cerner la performance d’un projet par rapport aux meilleures pratiques. Des exemples concernant les énergies renouvelables et les matériaux biosourcés permettent d’illustrer la démarche.

Consulter la présentation de Bruno Peuportier

L’analyse du cycle de vie permet également d’optimiser les impacts environnementaux de l’économie circulaire, dont l’objectif est de changer nos modes de production et de consommation vers une réduction de l’usage des ressources et de production de déchets. Eurovia est un acteur fort de cette démarche, avec 150 installations de recyclage et de valorisation, sa marque dédiée aux matériaux recyclés Granulat+, et des objectifs ambitieux à horizon 2030. Mais, comme l’a rappelé Anne de Bortoli, ingénieur-chercheur technique environnement chez Eurovia, le recyclage ne rime pas toujours avec performance environnementale. C’est pourquoi Eurovia développe l’usage de l’ACV afin de piloter ses pratiques d’économie circulaire et de R&D. La validation par ACV des performances environnementales de la route 100% recyclée n’est qu’un exemple des pratiques exemplaires de l’entreprise.

Consulter la présentation d’Anne de Bortoli

Des indicateurs de circularité ont été développé par les scientifiques pour mesurer la réduction de la consommation des ressources et de la production de déchets rendu possible grâce à l’économie circulaire. Ces indicateurs caractérisent la circularité matière au cours d’un cycle de vie. Ambroise Lachat, doctorant de l’École des Ponts sous la direction d’Adelaïde Feraille, chercheur et maître de conférence à l’École des Ponts, a appliqué ces indicateurs à un cas d’étude sur deux cycles consécutifs avec l’objectif d’analyser le comportement des indicateurs de circularité face à la prise en compte de plusieurs cycles. Il a constaté certaines lacunes : en effet, les indicateurs existants ne prennent pas en compte la qualité de valorisation (perte de valeur intrinsèque et d’usage) et ne permettent pas de suivre le cycle de la matière. Au vue de ces observations, des adaptations seront réalisées dans un travail futur afin de créer un indicateur plus adapté au concept d’économie circulaire.

Consulter la présentation d’Adélaïde Feraille et Ambroise Lachat

En s’appuyant sur la méthodologie de l’analyse de cycle de vie, selon l’approche développée par les chercheurs du lab, neuf élèves de l’École des Ponts ont fourni à la Mairie de Montreuil des connaissances scientifiques sur l’empreinte carbone de la ville. Ils ont également évalué l’efficacité de certains leviers d’action par rapport à l’objectif fixé par la municipalité de réduire de 40% les émissions à horizon 2030. Ghislaine Bocquet, cheffe de projet développement durable à la Mairie de Montreuil, Alexis Poulhes, ingénieur de recherche et enseignant à l’École des Ponts, Erica Dorr, doctorante à AgroParisTech, et Aurore Wurtz, doctorante à MINES ParisTech, ont présenté l’étude qui porte sur trois secteurs avec une importante empreinte carbone : la mobilité, le bâtiment et l’alimentation. Dans un contexte où les collectivités ont rarement l’opportunité de tester des scénarios d’application du plan climat-énergie et leurs impacts, cette étude a permis de tester un outil d’aide à la décision qui est basé sur une approche d’évaluation et prévision quantitative et scientifique.

Consulter la présentation de Ghislaine Bocquet

Consulter la présentation d’Alexis Poulhes, Erica Dorr et Aurore Wurtz

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